Alphonse, moniteur référent au Grand Bornand

Je viens de Marseille, j’ai grandi dans les quartiers nord. J’ai eu de la chance que dans mon quartier, il y avait à l’époque des lieux qui s’appelaient « maison Léo Lagrange ». Ces établissements permettaient aux jeunes du quartier de découvrir des activités en extérieur. Ça m’a permis de découvrir pas mal de loisir comme le football et le rugby, qui est mon premier sport collectif. C’est aussi grâce aux maisons Léo Lagrange que j’ai découvert le ski. Au niveau scolaire, aucune des orientations que l’on me proposait ne m’intéressait. Je me suis lancé dans la mécanique et la seule formation qui me convenait était dans les Pyrénées.

Une fois arrivé dans les Pyrénées, le coup de foudre. Les montagnes, le cadre, la nature, je suis tombé sous le charme. Je chausse les skis et je descends pour la première fois sur des grandes pentes.

Peu après, je suis arrivé en Savoie et j’ai eu la chance de travailler dans un restaurant d’altitude, ce qui m’a permis de skier beaucoup plus souvent. Et puis j’ai commencé à taper dans l’œil de certains clubs et du directeur technique de l’UCPA de Val Cenis.

Ils m’ont conseillé de m’essayer à la compétition. Je me suis donc inscrit à des courses, j’ai passé des licences. Plus je skiais, plus ça me plaisait. J’étais à fond, à chaque course. C’est là que le ski est devenu ma véritable passion.

A ce moment-là, j’ai mis de côté tous les projets que j’avais en tête sur le long comme sur le court terme pour me lancer dans la formation moniteur de ski à l’UCPA.

Juste avant de passer mon premier examen, j’ai eu une discussion avec le directeur technique de l’UCPA de Tignes. Il me dit que j’ai un très bon niveau, et que je pourrais participer aux JO avec la délégation sénégalaise. C’était très flatteur, mais je n’y croyais pas.

De plus, je me suis toujours senti français. Je ne me suis jamais posé la question si j’avais la nationalité sénégalaise ou pas. Et j’ai appris que comme je suis né à Dakar, j’ai la double nationalité. C'était en 1988, j’ai alors directement envoyé un courrier à la fédération sénégalaise. Tout était ok. J’ai été qualifié pour aller courir aux JO. A partir de là, l’UCPA m’a fait un contrat d’athlète de haut niveau. Je me suis donc entraîné avec toutes les équipes qui venaient à Tignes. C’est là que mon niveau est monté en puissance. C’étaient vraiment des moments incroyables. J’ai énormément appris.

Grâce à ces expériences, je comprends le ski par l’enseignement : avec tout l’apport pédagogique, tous les ingrédients qu’il faut pour faire progresser un débutant. A côté de ça, je comprends le ski à travers le haut niveau sportif. Je connais donc le ski tous les aspects du ski, dans les moindres détails.

De 1989 à 1994 j’ai participé à des coupes du monde, aux JO, ceux d’Albertville en particulier. J’ai côtoyé les plus grands coureurs de l’époque, Luc Alphand et Alberto Tomba entre autres. Tout cela en continuant d’enseigner à Tignes jusqu’en 1992, puis à Flaine jusqu’en 1997. J’ai beaucoup bougé par la suite. J’ai enseigné à Avoriaz, la Clusaz, et Méribel où j’ai été directeur d’une école de ski pendant 8 ans.

Aujourd’hui, je suis moniteur de ski, snowboard, télémark, et de squale [ou monoski] au Grand Bornand. Durant mes cours, je veille à ce que les clients se fassent plaisir. C’est le plus important ! Après, j’ai le plaisir de transmettre et le plaisir du résultat. Voir le client progresser tout au long du cours, c’est une grande satisfaction.